La team Banksy en pleine restructuration

C’est une information interne à l’univers Banksy, qui soulève de nombreuses questions. Il semble que l’équipe de gestion des différentes structures liées à l’artiste le plus inconnu du street art soit en pleine restructuration. Des changements qui pourraient redessiner la stratégie globale de l’artiste. Des documents officiels viennent étayer cette hypothèse. Démissions, départs anticipés, désaccords… Dans la situation actuelle, tout est possible. Analyse de ce qui pourrait être une crise interne de la structure Banksy®.

Banksy est dans la tourmente. Depuis fin 2018, sa stratégie n’est plus la même. Le paradoxe, qui entoure son oeuvre et sa démarche, semble se refermer sur lui. Et ce qui pouvait ressembler à un jeu est devenu un combat. Le point d’orgue de ce changement de cap est, à n’en pas douter, le découpage de son oeuvre – La Petite Fille au Ballon – lors de cette vente aux enchères de Sotheby’s, fin 2018. Il y a clairement un avant et un après…

Banksy dans la tourmente

Début 2019, Banksy dépose son nom et sa signature au registre des entreprises de l’INPI. Il devient officiellement la marque déposée Banksy®. Un geste fort, signe d’un changement de stratégie. Cela fait suite à une exposition de ses travaux à Milan. Une parmi toutes celles qui ont lieu sans son l’autorisation. Mais cette fois Banksy porte plainte. La raison serait que le lieu proposait des objets dérivés, portant des reproductions de ses travaux. Un comble, pour celui qui a réalisé un documentaire intitulé Exit Through The Gift Shop (Sortie par la boutique de cadeaux – traduit Faîtes le mur en français). Ce titre est une critique directe de ces logiques de musées qui vous forcent à passer par leurs boutiques pour acheter de l’art sur des mugs ou des magnats. La goutte d’irrespect qui a fait déborder Banksy.

Exposition Banksy MUDEC Milan

Gross Domestic Product

Plus récemment, tous les fans de Banksy savent qu’une boutique éphémère a été ouverte à Londres. Inaccessible au public, elle exposait des oeuvres de l’artiste. Ces travaux ont ensuite été mis en vente sur le site Internet Gross Domestic Product (traduction de Produit Intérieur Brut). Mais, là encore, la raison n’était pas artistique. Il était question de se défendre. Cette fois contre cette logique qui fait qu’un nom de marque peut légalement être transmit à celui qui s’en “sert.” Ou plus exactement, qui l’exploite à des fins commerciales. Pour ne pas voir son nom finir en entreprise de cartes postales, Banksy a donc été obligé d’ouvrir une boutique pour justifier de l’utilisation de cette marque et en conserver la jouissance.

C’est sans doute la raison la moins poétique possible de faire de l’art.

Banksy

La boutique a disparu. Le site Internet est en rupture de stock depuis presque un mois. Mais aucun fan de l’artiste n’a vu l’ombre d’une oeuvre, suite à une réservation en ligne. Ce projet aurait-il été celui de trop ?

Gross Domestic Product Banksy Londres

La team Banksy

Une information circule dans les réseaux proches de l’artiste. Elle laisse entendre que des démissions et des départs anticipés seraient en train de secouer l’équipe autour de Banksy. Car même s’il ne s’agit pas d’un groupe, l’artiste est entouré, pour faire face à son succès. Et il suffit de voir l’actualité autour de son ancien “ami” et agent, le photographe Steve Lazarides, pour comprendre que ce n’est pas toujours simple. Ce dernier est un des principaux organisateurs d’expositions de Banksy, sans autorisation de l’artiste. Et il va publier un livre de photos d’époque de Banksy “au travail”, toujours sans son autorisation.

Nombreux départs anticipés

La première concernée par ces histoires, n’est autre que Holly Jane Cushing, la manageuse officielle de Banksy. Ancienne agent de l’acteur Sean Penn, elle a rejoint Banksy en 2006, lors de son exposition Barely Legal. C’est elle qui lui a trouvé l’éléphant qui déambulait dans le bâtiment et qui a fait venir les stars présentes. Une actrice incontournable des coulisses de la promotion de l’artiste. Elle apparaît sur les documents officiels des structures entourant Banksy à partir de 2008, en temps que secrétaire, et comme directrice à partir de 2013. Elle a actuellement quitté tous ces postes, sans exception.

Ces départs concernent aussi un certain Simon Durban, connu pour être le comptable de Banksy depuis plus de dix ans. Tout comme Holly Jane Cushing, il occupait plusieurs postes clefs dans différentes structures liées à Banksy. Ces engagements viennent de trouver un terme en date du 14 novembre de cette année.

Simon Durban quitte Banksy

Nouveaux arrivants

Il est important de signaler que ces départs ne signent pas la fin des activités des structures concernées. D’autres personnes semblent intégrer la team Banksy, comme Olivia Mary Wright qui, en l’espace de quelques semaines, se retrouve à la direction de Pest Control, Paranoid Picture, Dismaland Limited, Gross Domestic Product et Pictures On Walls. C’est-à-dire à la place de Holly Jane Cushing, au moins en termes de responsabilités légales.

Enfin, une certaine Jennifer May Holdsworth fait également son entrée dans l’équipe. Le point intéressant est sa position à la direction des opérations de la Bbay Art Ltd. Cette nouvelle structure est en lien direct avec la boutique en ligne Gross Domestic Product. Un lien, en bas de page, annonce la création de ce qui ressemble à une plateforme de revente de travaux de Banksy d’occasion. Une sorte de eBay du street art en construction. Un projet qui aurait pu expliquer la fermeture de Pest Control, puisque le marché de la revente d’oeuvres de Banksy devrait être géré par Bbay. Mais cela n’explique pas le reste.

L’univers Banksy est en plein chamboulement. Ces changements sont une réponse évidente à la situation actuelle, qui ressemblait très fortement à un cul-de-sac. L’année 2019 aura été compliquée pour le principal acteur de la scène de l’art contemporain. Entre plaintes officielles, dépôt de marque, création d’une boutique… le ton était surtout à la défense. Gageons que cette nouvelle équipe saura trouver les clefs d’une stratégie efficace contre un monde de l’art toujours plus vorace.